Tensions et défis actuels autour des
constructions populaires autonomes
Diego Naim Saiegh
Institut de Théorie et d'Histoire Anarchiste – ITHA
Introduction
Dans le travail suivant, nous approfondirons certaines implications qui se manifestent aujourd’hui dans la réalisation de processus de construction populaire autonomes – en soulignant ceux qui, en raison de leurs perspectives politiques et méthodologiques, peuvent être inclus dans une matrice libertaire – dans un contexte historique traversé par les marques du chômage structurel, la croissance de la pauvreté et, d’une manière générale, par la précarité de la vie en tant que forme sociale. Nous tenterons de proposer, à travers notre parcours, certains fils d’analyse sur certains problèmes à affronter selon le contexte susmentionné, notamment dans le cadre de nos sociétés périphériques latino-américaines et quelques hypothèses sur les défis à relever pour les surmonter dans une optique émancipatrice.
Maintenant, avant d’aborder les questions soulevées, il nous semble important, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, de souligner quelques idées générales sur le lien entre l’anarchisme et les processus d’organisation populaire, ainsi que quelques lignes sur ce que nous entendons par rapport à la construction d’une matrice libertaire.
Une perspective politico-méthodologique de la construction populaire
Si l’anarchisme en tant que courant de praxis révolutionnaire a eu tout au long de son histoire – outre ses différentes tendances – une « raison d’être », celle-ci était principalement donnée par le fait de fournir une base matérielle à la trame de ses postulats avec pour perspective émancipatrice l’organisation et la lutte nécessaires à cet effet de ceux qui sont soumis aux injustices du système de domination capitaliste d’État. Michel Bakounine a dit à ce sujet:
Il est vrai qu’il existe [dans le peuple] une grande force élémentaire, force sans doute supérieure à celle du gouvernement et à celle des classes dirigeantes prises dans leur ensemble, mais sans organisation, la force élémentaire n’est pas une force réelle. C’est cet avantage indéniable de la force organisée sur la force élémentaire du peuple, sur lequel repose le pouvoir de l’État. Le problème n’est donc pas de savoir si [le peuple] peut se révolter, mais s’il est capable de construire une organisation qui lui fournira les moyens d’atteindre une fin victorieuse. Non pas à une victoire fortuite, mais à un triomphe prolongé et définitif [1].
Dans le même esprit, l’Italien Malatesta a déclaré que les classes opprimées et exploitées:
ne pourront jamais s’émanciper tant qu’elles n’auront pas trouvé dans l’union, la force morale, la force économique et la force physique nécessaires pour vaincre la force organisée des oppresseurs [2].
De ces considérations découle donc l’importance stratégique que revêt le développement et la promotion d’organisations populaires capables de conduire et de soutenir ledit processus pour un processus de transformation sociale, constituant ainsi une force sociale articulée capable d’affronter et éventuellement de transcender le pouvoir. Or, cette impulsion vers le rôle principal de l’organisation du social d’en bas doit compter, à partir d’une logique libertaire, avec certains critères et lignes directrices qui se distinguent des autres logiques et qui donnent lieu à sa propre empreinte.
Pour l’instant, nous partons de la conception que les groupes des classes populaires doivent avoir comme première tâche d’action, la lutte pour la conquête des intérêts matériels qui rassemblent leur classe dans le cadre de ses besoins les plus immédiats. Pour cela, l’arc de confluence doit être le plus large possible. Autrement dit, il ne doit pas être traversé a priori par des limitations politiques-idéologiques, religieuses ou autres [3]. Mais cette tâche première d’action ne doit pas être étanche, mais dynamique. Elle doit être combinée de manière dialectique avec une tâche de lutte émancipatrice visant à dépasser les structures du système dominant, cherchant ainsi à construire des «embryons» de pratiques et d’organismes sociaux qui préfigurent une société libre d’exploitation et d’oppression.
L’organisation de la classe est donc dans cette perspective, comme outil d’action et de lutte, mais aussi comme école de participation démocratique et comme bastion de construction de la capacité d’autodétermination populaire, devenant, à son tour, un bastion dans le développement d’une société autogestionnaire; le pouvoir d’en bas, du peuple organisé lui-même. Cette tâche complémentaire élargit le champ de la simple revendication sociale et lui donne une orientation politique claire. La politique en termes de politique de classe autonome et donc de réappropriation également de la sphère politique comme espace d’auto-activité, d’autogestion et d’auto-institution sociale, mais aussi comme école de participation démocratique et comme bastion de construction de la capacité d’autodétermination populaire, devenant, à son tour, un bastion dans le développement d’un pouvoir autogéré d’en bas, à partir du peuple organisé lui-même.
En ces termes, cette perspective, même si elle n’établit pas de lien organique immédiat avec une approche idéologique fermée – prenant en compte, comme indiqué plus haut, l’ampleur nécessaire des confluences pour mener à bien la tâche première de la lutte protestataire – propose, une matrice que, soutenue par certaines prérogatives et lignes de construction politico-méthodologiques, nous pouvons identifier comme libertaire. Des paramètres tels que la lutte et l’action directe sans intermédiaires, la démocratie de base, l’organisation fédérative, l’indépendance de classe, la pratique préfigurative, l’antiparlementarisme, entre autres, nous montrent clairement un profil de construction au sein du peuple que l’anarchisme, en tant que courant, a historiquement porté en avant lorsque s’impliquer dans la lutte des classes, tant depuis les origines du mouvement ouvrier organisé que dans le cadre des luttes que les mouvements sociaux contemporains développent depuis plusieurs décennies jusqu’à nos jours et qui ont influencé – et continuent même d’influencer – différentes organisations populaires qui n’en ressortent pas forcément dynamisées par des militants dudit courant. Dans cette perspective d’organisation et de construction populaires que nous appelons génériquement autonomes, nous allons maintenant tenter d’analyser le panorama actuel sur lequel ces formations doivent développer leurs luttes, ainsi que les problèmes et défis auxquels elles sont confrontées lorsqu’elles y sont confrontées.
Un panorama actuel
À l’heure où nous entrons dans la troisième décennie du XXIe siècle, il ne semble pas nouveau que nous nous trouvions plongés dans une crise profonde qui, de différentes voix, est présentée comme civilisationnelle et aux multiples dimensions. Crise qui s’impose comme systémique, multifocale et mondiale, comme caractéristiques du capitalisme, en plus de certaines manifestations spécifiques aux pays ou aux régions. Un premier point pour aborder sa portée consiste sûrement à visualiser que, depuis quelques décennies et de manière de plus en plus accentuée, le processus d’expansionnisme illimité du capitalisme érode nécessairement ses propres conditions d’existence antérieures.
Alors que la substance du capital est la génération et la régénération de valeur à travers le travail abstrait – vivant mais aliéné – accumulé dans le champ de production avec ses conditions de possibilité dans le champ reproductif et l’environnement naturel. Sa volonté d’augmenter constamment la productivité – de pair avec la compétitivité – l’amène à accorder une importance croissante à la science et à la technologie dans la production. La corrélation et la tendance croissante de celles-ci sont de rendre constamment anachronique ce même processus, basé sur le travail – seul générateur de valeur. Ce faisant, le capitalisme scie la branche sur laquelle il repose: la valorisation de la valeur à travers le travail vivant et l’environnement qui la rend possible.
Bien que – et bien que cela puisse paraître contradictoire avec ce qui précède – aient proliféré ces dernières années une série de « nouveaux emplois », ceux-ci, en raison de leurs caractéristiques – informels, précaires, externalisés, « uberisés », sans droits – non seulement n’ont aucun impact sur la tendance à la dévaluation et à la réduction structurelle du travail formel qui existe encore, mais ils continuent également à être une « fuite en avant » que, avec d’autres dispositifs, le capitalisme mondial développe pour surmonter ses propres limites intrinsèques, mais qui, même s’ils sont efficaces pour réactiver le marché, les profits de certains secteurs ne vont pas générer à court terme, même de loin, un nouveau cycle de prospérité, car les technologies – qui ne produisent pas de valeur – et qui remplacent le travail humain, ne peuvent être éliminées de la production, c’est-à-dire « ils ne reviennent pas ». Ainsi, Il ne s’agit pas d’un « retournement cyclique » classique qui aurait pu se produire à un autre stade, mais plutôt d’une tendance qui s’annonce déjà comme une crise sans retour. En outre, dans ce contexte:
les grandes entreprises tentent de promouvoir un nouveau cycle expansionniste pour protéger leurs bénéfices à court terme. Pour y parvenir, comme cela s’est produit lors des crises précédentes, ils ont renouvelé leur engagement à élargir la frontière commerciale à travers la dynamique d’accumulation par dépossession. De même, dans le cadre de la financiarisation mondiale, ils favorisent la création de nouvelles bulles spéculatives pour retrouver, au moins dans l’immédiat, des niveaux élevés de rentabilité [4].
Ceci, insistons-nous, « fait avancer » mais laisse le problème sous-jacent non résolu, à savoir que même si la quantité de biens et de services peut croître, ensemble et à moyen terme, ils représentent une quantité de plus en plus petite de valeur. De même, l’argent – produit de la spéculation financière – qui circule dans le monde est « fictif » puisqu’il ne représente pas en réalité un travail investi de manière «productive» [5]. Le capitalisme est de plus en plus confronté à ses barrières économiques internes ainsi qu’à ses limitations externes naturelles – écologiques – qui, bien qu’elles présentent un horizon temporel diversifié – et dans ce domaine les luttes sociales jouent un rôle – ne peuvent être stoppées, en même temps de sa propre logique. En bref:
le capitalisme mondial a fait avancer ses contradictions, dans le temps et dans l’espace, mais il se rapproche de plus en plus de ses propres limites. L’instabilité permanente des marchés en raison de l’augmentation de la financiarisation, de l’extension de l’exploitation du travail et des inégalités sociales qui excluent de larges couches de la population de la société de consommation, de la remise en question de la division sexuelle du travail et de la nécessité de repenser la répartition des tâches productives et reproductives, l’épuisement des sources d’énergie et des ressources matérielles nécessaires au métabolisme agro-industriel-urbain-financier, les impacts du modèle économique sur les écosystèmes et le dérèglement climatique, sont autant d’entre eux,[6].
Ce panorama complète une série de définitions à prendre en compte. D’une part, et pour tout ce qui précède, il n’est pas possible de revenir à un modèle d’accumulation basé sur l’emploi massif – typique de l’ère fordiste déjà surmontée – donc un retour au «plein emploi» ou au «plein emploi» n’est pas possible, formalité massive et à défaut, ni aux recettes keynésiennes ni au rôle central de l’Etat. L’État, complice de la logique du capital, ne peut, à ce stade, « dans le meilleur des cas », que cibler certaines politiques, qui en plus de devenir des dispositifs de discipline sociale, aboutissent à entretenir et accroître des formes de précarité [ 7].
Mais les choses ne s’arrêtent pas là si l’on suppose que l’économie a pour but le bien-être des sujets, ayant comme moyen le travail et la production de biens et de services pour la satisfaction des besoins vitaux. Dans la logique du capital, et surtout avec une accentuation accrue ces derniers temps, ces termes sont pervertis et la fin d’une vie durable se transforme en un moyen pour une fin différente d’accumulation capitaliste. Cela met sur la table la configuration d’une matrice qui se manifeste avec une visibilité croissante dans le néolibéralisme et qui cristallise la précarité non seulement référencée au travail, mais comme une véritable forme sociale à caractère totalisant et en constante augmentation. Cela constitue également un conflit radical et insoluble entre la durabilité de la vie humaine et écologique et le capitalisme, que certains analystes synthétisent comme un conflit « capital-vie »:
lorsque la vie est un moyen pour atteindre une fin différente, elle est toujours menacée; la tension peut parfois s’atténuer […] mais tôt ou tard viendra un moment de désengagement où l’accumulation se fera non pas en maintenant la vie, mais au prix de sa négation ou de sa destruction [ 8].
L’ensemble de ce processus général connaît un développement étroitement lié en Amérique latine, en tant que région périphérique, bien qu’il comporte des éléments particuliers. Il s’agissait, en principe et pendant plusieurs décennies, de tout un contexte de reconfiguration sociale qui signifiait l’accentuation des inégalités préexistantes et l’émergence de nouveaux écarts politiques, économiques, sociaux et culturels, constituant ainsi un scénario caractérisé, d’une part, par la fragmentation et la perte de pouvoir des secteurs populaires, et d’autre part, par la concentration politique et économique dans les élites du pouvoir internationalisé, qui était loin d’être linéaire:
De nombreux changements dans l’ordre économique ont commencé dans les années 1970 [dans la grande majorité des cas, avec des dictatures génocidaires]. Les transformations de la structure sociale ont commencé à devenir visibles dans les années 1980, au cours de la «décennie perdue», qui a culminé avec de forts épisodes d’hyperinflation et ouvert la porte à la mise en œuvre des réformes néolibérales des années 1990 [9].
En même temps:
il faut tenir compte du fait que si le premier moment de la mondialisation néolibérale, dans les années 1990, a été marqué par les privatisations et l’ajustement fiscal, le deuxième moment va de pair avec la généralisation d’un modèle extractif-exportateur visant à consolider et à creuser les écarts sociaux entre les pays du nord et du sud, basés sur le pillage de ressources naturelles de plus en plus rares, la pollution irréversible, l’extension de la monoculture et la perte de biodiversité qui en résulte [10] .
Cela dit, nous ne pouvons manquer de souligner une fois de plus que ceux-ci sont encore des manifestations d’un système mondial et qui a, comme nous l’avons déjà noté, la précarité et l’exclusion comme marque structurelle, posant à la région comme un espace concret où des corps, des vies et des territoires sont sacrifiés à ce stade au nom de la reproduction du capital transnationalisé, en plus de tel ou tel gouvernement se déclarant « progressiste » ou « populaire ».
Face à ce panorama, depuis la fin des années 80 et fondamentalement depuis les années 90, nous assistons à une confluence progressive de différents processus de lutte qui ont pris forme à travers différents moyens et qui ont connu certaines étapes qui ont marqué leur développement. Il est important de noter, à leur tour, que la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991 n’ont pas seulement entraîné l’effondrement des régimes du « socialisme réel », la crise des partis communistes, les socialistes, les syndicats traditionnels et les mouvements de guérilla, notamment en Amérique latine, mais aussi la faillite de tout un paradigme révolutionnaire qui avait imprégné la majeure partie de la gauche tout au long du XXe siècle. C’est que le développement imparable des forces productives amènerait le socialisme et cela, associé à la dynamique de lutte impulsée en particulier par le prolétariat, le seul sujet social doté d’une capacité de transformation – fondamentalement urbain, industriel et destinataire d’une « mission historique à remplir » – la société sans classe. Tout cela approfondit, comme nous l’avons dit, la désorientation et la crise des anciennes formes organisationnelles et méthodologiques, mais permet, de manière dialectique, en ligne avec la logique renouvelée de la domination capitaliste, l’émergence progressive de nouveaux axes de confrontation, ainsi que de nouveaux discours critiques, sujets sociaux et nouvelles formes de construction populaire, déjà en phase avec ce que nous connaissons aujourd’hui comme mouvements sociaux qui en réalité, et pour être exact, dans certains cas, plutôt que « nouveaux », nous devrions parler de formats et de schémas de conflits antagonistes « retravaillés », étant donné que bon nombre de ces initiatives avaient déjà eu un début de conception lors des événements connus sous le nom de Le « Mai français » de 1968, où, entre autres questions, ont pu se faire jour tout un ensemble de points de vue et de perspectives qui, sous le titre exhaustif de « nouvelle gauche », impliquaient même une revalorisation de tout un ensemble de prérogatives – dont nous avons développé beaucoup de points dans la première partie de cet ouvrage – de nature socialiste libertaire qui, pendant une courte période, était entrée dans un cône d’ombre.
En soulignant, maintenant, l’ampleur qu’a eu ces derniers temps sur notre continent le cadre des luttes développées par les mouvements sociaux mentionnés ci-dessus, apparus dans les années 1990, il est essentiel de souligner qu’ils ont eu – et continuent d’avoir – une grande importance. Un rôle plus important et plus global que la simple action de résistance:
Les mouvements sociaux se sont révélés être plus qu’une simple réponse défensive aux changements dans la corrélation des forces sociales et aux fortes transformations de leurs conditions de vie et de reproduction. En réalité, avec toutes leurs complexités et nuances nationales, les mouvements sociaux latino-américains ont développé une dimension plus proactive, qui ouvre la possibilité de réfléchir à de nouvelles alternatives émancipatrices basées sur la défense et la promotion de la vie et de la diversité [12].
Tensions et défis…
En termes généraux, le scénario à partir duquel les organisations et constructions populaires d’aujourd’hui, et en particulier celles conçues à partir d’une matrice libertaire ou génériquement autonome, doivent développer leurs luttes. Il est maintenant nécessaire d’établir quelques défis pour surmonter certains problèmes et tensions que présente le même scénario, afin de pouvoir prescrire quelques clés d’orientation émancipatrice pour les temps actuels.
Nous avons dit plus haut que face au processus de développement critique du capitalisme à ce stade, qui, entre autres problèmes, laisse de plus en plus hors de son orbite la formalité massive du travail, les États – et en particulier dans une grande partie de l’Amérique latine – s’efforcent de « remédier » à cette situation [13] avec toute une batterie de ressources, de programmes et de politiques ciblées, en essayant ainsi de contenir, mais aussi de discipliner, les secteurs populaires touchés par ces conséquences et d’autres conséquences structurelles du développement actuel du capital [14].
En ce qui concerne ce problème, il y a eu – il y a toujours – de nombreux débats dans le domaine des organisations populaires sur la manière d’affronter cette situation, de considérer ou non le conflit sur ces ressources comme un axe de lutte valable et si cela peut s’inscrire dans une perspective autonome de construction étant donné la relation inexorable que celle-ci confère avec l’État et la tendance à l’institutionnalisation qu’elle implique pour le champ d’exercice des organisations et de leurs luttes. Il va sans dire qu’à cet égard, les différentes réalités de chaque espace national ont leur base, mais, si, comme nous l’avons soutenu, ces mesures font encore partie d’un tout, cadre structurel-mondial, certaines réflexions deviennent pertinentes.
Si l’on part du principe que, dans ce contexte, l’éventail des axes de lutte protestataire n’est pas épuisé par les ressources étatiques concentrées, il est également vrai que, de par leurs caractéristiques, ils acquièrent une empreinte extrêmement importante dans les conditions actuelles pour faire face aux luttes pour une amélioration minime des conditions de vie dans le cadre d’un système qui laisse de plus en plus de secteurs de la population hors des circuits formels de travail [15] et donc, aussi, hors des circuits de consommation et de réassurance de leurs conditions de subsistance de base.
Maintenant, le nœud problématique par rapport à la tendance à l’institutionnalisation – qu’il serait plus correct de qualifier de formation de l’État [16] – que cela implique, bien qu’il présente effectivement une menace pour l’autonomie des constructions populaires régies par cette logique, sa configuration ne doit pas nécessairement être prescrite comme absolue. Compte tenu du scénario toujours dynamique des luttes sociales et des relations de pouvoir, le dilemme conditionnant a priori doit être considéré comme faisant partie d’un contexte de relations conflictuelles et de tension permanente où le défi se présente, non seulement dans le conflit sur les demandes d’appropriation organisée des ressources en question, mais aussi dans la lutte politique contre la logique étatique de modelage et d’aliénation.
Une autre question qu’il nous semble important de souligner dans ce cours de tensions et de défis concerne l’ordre du stratégique. Si, comme nous l’avons déjà dit, les organisations populaires autonomes et, en leur sein, fondamentalement celles traversées par une matrice libertaire, se positionnent grosso modo avec un objectif politique général de changement social en termes de résultat populaire orienté vers l’auto-activité, l’autogestion et l’autogestion, pour être cohérent avec ces postulats, il devient essentiel, en tant qu’élément stratégique, que l’on conjugue le renforcement et la consolidation organisationnelle de ces expressions populaires, mais aussi le développement continu de leur propre capacité de force – matérielle et contre-hégémonique – dans l’opposition et la confrontation au pouvoir des classes dominantes. Autrement dit, la construction d’un pouvoir populaire – que l’on pourrait considérer comme autogéré – devient vital. Il faut instituer également des espaces, des territoires, des mécanismes et des relations qui préfigurent et soutiennent le projet d’une société autogérée.
Compte tenu de cette prémisse stratégique et de tout ce que nous avons exposé en termes du processus historique que nous traversons, nous pensons qu’elle doit, à son tour, être complétée par une autre perspective qui se présente aujourd’hui comme essentielle: la multisectoralité. En fait, si depuis quelque temps on ne peut pas parler d’une classe homogène ou d’un secteur populaire spécifique qui représente l’autosuffisance ou une centralité manifeste en termes d’antagonisme et de dépassement du développement des conditions actuelles du capitalisme, car les contradictions sont multiples – économique, social, politique, culturel, environnemental – et social, le sujet de la confrontation se présente alors comme multiple. Une stratégie appropriée impliquerait donc, en ce sens, la possibilité d’articuler ces contradictions et ce sujet multiple dans une projection commune. Cela implique clairement de considérer un horizon de lutte qui tente de dépasser le cadre des revendications spécifiques mais fragmentaires de tel ou tel secteur en particulier, en dessinant une perspective engagée dans leur intégration dans des espaces à caractère multisectoriel.
¿Et sur quel axe pourrait a priori rassembler la diversité des revendications qui traversent l’univers des expressions des luttes populaires? Si, comme nous l’avons dit, dans ce contexte la logique du capital – en crise – non seulement pervertit, mais menace également la subsistance – humaine et écologique – en configurant une matrice de précarité sociale généralisée, cela pourrait être un bon point à considérer comme lien commun compte tenu de la transversalité qu’il implique aux différents secteurs soumis à cette dynamique d’expropriation et de prédation.
Face à la crise civilisationnelle, la contre-proposition ne peut pas être de récupérer la « production » […] mais d’ouvrir deux débats : qu’est-ce qu’une vie qui vaut la peine d’être vécue et comment collectiviser la responsabilité de garantir ses conditions de possibilité […] [17].
Or, face à une telle orientation générale et à partir de la congruence à avoir entre elle et les moyens pour sa réalisation, il nous importe de prescrire que ces moyens à leur tour, dans ce contexte de crise systémique, doivent jouer un rôle de tension dialectique entre les possibilités d’avancées conflictuelles vers un projet de rupture et le blocage du continuum, l’auto-érosion du capitalisme à ce stade. Ce serait un peu ce que proposait Walter Benjamin à propos du « frein d’urgence » pour éviter de se précipiter dans le vide, en promouvant une série de contre-mouvements qui fonctionnent comme des « barrages » à l’opposé de certaines perspectives « accélérationnistes » qui reproduisent et continuent à stimuler la logique du capital à mesure qu’elle continue d’émerger. Et cela pourrait être développé avec des mesures et des revendications qui, entre autres, cherchent à détourner les ressources de la logique du marché et à s’engager dans son expansion et son universalisation, à réduire la journée de travail et à répartir le travail formel qui existe encore, à socialiser et à exposer la production de richesse comme attribut historico-social, miser sur la définanciarisation de l’économie, à la protection de l’environnement… Bref, ils tendent à prioriser et à stimuler la pérennité d’une vie digne en dehors des paramètres de précarité tout en servant de cadre à la recomposition des forces du bas social, laissant place à la reconstitution d’un imaginaire social antagoniste et préparant un horizon de transformation révolutionnaire.
Cette série de mesures, ainsi que d’autres possibles, pensons-nous, n’annulent pas la dynamique historique de la lutte des classes, mais au contraire l’étendent et la complexifient en fonction des exigences du processus historique en cours, et non en étant justifiées a priori. Comme certains diraient, en tant que « simples réformes », elles ne parviennent pas, dans leur ensemble et sur la base de certaines de leurs dimensions, à être considérées comme perturbatrices de la logique capitaliste contemporaine. Pour cette raison, aucune ne peut être prise isolément et comme une fin en soi, mais plutôt comme des mesures ou des instruments qui, interdépendants, sont configurés comme objets de dispute dans un processus dynamique de lutte plus grande, visant à renverser l’état de choses.
Les références:
[1] BAKOUNINE, Mijail. La liberté. Œuvres choisies de Bakounine. Buenos Aires: Éditorial Agebe, 2005.
[2] VERNON, Richard. Malatesta. Pensée et action révolutionnaires. Buenos Aires: Éditorial Utopia Libertaria, 2007.
[3] Dans le cadre de cette grande première expérience de confluence ouvrière telle que l’Association Internationale des Travailleurs, Mijaíl Bakunin a établi; « L’Internationale accepte dans son giron, faisant abstraction absolue de toutes les différences de croyances politiques et religieuses, tous les travailleurs honnêtes, à la seule condition qu’ils acceptent dans toutes ses conséquences la solidarité de la lutte ouvrière contre le capital bourgeois, exploiteur du travail. …». Dans: NETTLAU, Max. La vie de Michel Bakounine. Michael Bakounine, une biographie. Londres: imprimé en privé, 1896-1900.
[4] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. La reconstruction non durable du statu quo: reprise ou confrontation. Dans: Viento Sur Nº176, 6 AOÛT 2021 https://vientosur.info/la-insostenible-reconstruccion-del-business-as-usual-recuperacion-vs-confrontacion/
[5] JAPPE, Anselme. Vers une histoire de la critique de la valeur. Noms, Revista de Filosofía, 2018. https://revistas.unc.edu.ar/index.php/NOMBRES/article/view/21237
[6] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. Op Cit.
[7] À tel point que par exemple en Argentine et à travers un rapport récent, il a été confirmé que dans 7 provinces le secteur précaire et informel dépasse en nombre le secteur des travailleurs formels privés, et à la lumière de cela, en plus du euphémisme qui voit habituellement cela comme une « augmentation des emplois », la réponse de l’État, à travers les déclarations d’un responsable du ministère du Développement social, est « c’est pourquoi il est important de formaliser et de développer l’économie populaire » .. Ce que cela montre en réalité, c’est que ce qui a augmenté à pas de géant, c’est le chômage et le travail de subsistance informel et précaire et que l’État est le seul qui promeut ce panorama (en collaboration avec certaines organisations liées à cette idée). cristallisation de cette situation à travers l’allocation éventuelle de ressources (simplement palliatives) pour consolider une modalité précaire de « travail » sous l’orbite de l’État lui-même. Dans: VALES, Laura. Dans 7 provinces, il y a déjà plus de travailleurs dans l’économie populaire que dans le secteur privé. https://www.pagina12.com.ar/365051-en-7-provincias-ya-hay-mas-trabajadores-de-la-economia-popul
[8] PÉREZ OROZCO, Amaia. La durabilité de la vie au centre… Et qu’est-ce que cela signifie? Dans: L’écologie du travail : le travail qui soutient la vie, coord. de Laura Mora Cabello de Alba, Juan Escribano Gutiérrez. Espagne: Bomarzo, 2015.
[9] SVAMPA, Maristella. Changement d’époque. Mouvements sociaux et pouvoir politique -1ère éd. – Buenos Aires: Siglo XXI Editores Argentine, 2008.
[10] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[11] L’une des caractéristiques fondamentales des mouvements sociaux qui se sont constitués au cours des dernières décennies sur la base de la reconfiguration du scénario de luttes dans notre région, se retrouve dans la reformulation du territoire, non plus seulement comme un simple espace de reproduction sociale, mais comme nouveau scénario de lutte et de construction nourri par le pouvoir, la dynamique et la dimension stratégique.
[12] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[13] Non sans recourir – avant et même après – à la répression et à la criminalisation des expressions de protestation contre les conditions générées par les lignes directrices du modèle d’accumulation que les États eux-mêmes soutenaient.
[14] Pour le dire en termes foucaldiens, l’État néolibéral développe le contrôle biopolitique de la population pauvre. Orienté vers une stratégie de maîtrise des conflits sociaux et de la misère, son objectif est d’intégrer les exclus en tant qu’exclus. Dans: SVAMPA, Maristella. Cinq thèses sur la nouvelle matrice populaire. IIGG, Faculté des Sciences Sociales, UBA: novembre 2003. Il convient de noter que si les États sont les plus grands promoteurs de ces politiques, ils ne sont pas les seuls. Des ONG et des organisations multilatérales de différents types ont également développé et continuent de développer ce type de mesures, en les articulant souvent avec les politiques des États.
[15] Sans aucune perspective apparente que cette situation puisse, compte tenu de ses caractéristiques structurelles, être inversée dans un délai considérable au-delà de certaines déclamations démagogiques des politiciens et hommes d’affaires actuels.
[16] Nous comprenons ici la formation de l’État comme l’une des formes possibles d’institutionnalisation les plus spécifiquement associées au processus d’aliénation étatique conduisant à « façonner » des constructions autonomes à l’image et à la ressemblance de la logique étatique et subordonnées à ses propres mécanismes.
[17] PÉREZ OROZCO, Amaia. Crise multidimensionnelle et durabilité de la vie . Enquêtes féministes, ISSN 2171-6080, No. 2, 2011, p. 29-53. https://doi.org/10.5209/rev_INFE.2011.v2.38603
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Tensions et défis actuels autour des constructions populaires autonomes
11 Octubre 2023 at 19:51
Tensiones y desafíos actuales en torno a las construcciones populares autónomas
21 Julio 2023 at 01:45
Tensiones y desafíos actuales en torno a las construcciones populares autónomas
Diego Naim Saiegh
Instituto de Teoría e Historia Anarquista - ITHA
Introducción
En el siguiente trabajo nos adentraremos a indagar sobre ciertas implicancias que hoy por hoy se exhiben a la hora de llevar adelante procesos de construcción popular autónomos – haciendo hincapié en aquellos que por sus perspectivas políticas y metodológicas, pueden inscribirse dentro de una matriz libertaria- en un contexto histórico atravesado por las marcas de la desocupación estructural, el crecimiento de la pobreza y en términos generales, por la precarización de la vida como forma social. Trataremos de plantear, a través de nuestro recorrido, ciertos hilos de análisis sobre algunos problemas a enfrentar de acuerdo al mencionado contexto, particularmente en el marco de nuestras sociedades periféricas latinoamericanas y algunas hipótesis sobre los desafíos a encarar de cara a su superación en clave emancipatoria.
Ahora bien, antes de avanzar en las cuestiones esgrimidas, nos parece importante, aunque más no sea a modo de trazo grueso, dejar señaladas un par de ideas generales sobre el vínculo existente entre anarquismo y procesos de organización popular, así como algunas líneas sobre a qué nos referirnos con respecto a construcción de matriz libertaria.
Una perspectiva político-metodológica de construcción popular
Si el anarquismo como corriente de praxis revolucionaria ha tenido a lo largo de su historia – amén de sus distintas tendencias - una “razón de ser”, ésta estuvo dada de manera prevaleciente, por el hecho de dotar de base material al entramado de sus postulados políticos, enraizando, su perspectiva emancipatoria de desenlace popular, con la necesaria organización y lucha para tal fin de aquellos que se encuentran sometidos a las injusticias del sistema de dominación estatal-capitalista. Mijail Bakunin decía al respecto:
Es cierto que hay [en el pueblo] una gran fuerza elemental, una fuerza sin lugar a dudas superior a la del gobierno y al de las clases dirigentes tomadas en su conjunto, pero sin organización, la fuerza elemental, no es fuerza real. Es esta innegable ventaja de la fuerza organizada respecto de la fuerza elemental del pueblo, en la que se basa el poder del Estado. Por lo tanto, el problema no estriba en saber si [el pueblo] puede sublevarse, sino si es capaz de construir una organización que le proporcione los medios de llegar a un fin victorioso. No a una victoria fortuita, sino a un triunfo prolongado, definitivo [1].
En la misma sintonía, el italiano Errico Malatesta, planteaba que las clases oprimidas y explotadas:
no podrán emanciparse nunca mientras no encuentren en la unión la fuerza moral, la fuerza económica y la fuerza física que es necesaria para derrotar a la fuerza organizada de los opresores [2].
Desde estas consideraciones entonces, se traduce la importancia estratégica que tiene para un proceso de transformación social, el desarrollo y el fomento de organizaciones populares que puedan motorizar y sustentar dicho proceso, constituyendo así, una fuerza social articulada capaz de enfrentar y eventualmente trascender el poder organizado de las clases dominantes. Ahora, ese impulso hacia el protagonismo de la organización del abajo social, tiene que contar, desde una lógica libertaria, con ciertos criterios y lineamientos que son distintivos de otras lógicas y que dan lugar a una impronta propia.
Por lo pronto, se parte de la concepción de que los agrupamientos de las clases populares deben tener como primer cometido de acción, la lucha por la conquista de aquellos intereses materiales que aglutinen a la clase en el marco de sus necesidades más inmediatas. Para esto, el arco de confluencia debe ser el más amplio posible; es decir, no debe estar atravesado a priori por limitantes del tipo político-ideológico, religioso o de otra índole [3]. Pero este cometido de acción primario no debe ser estanco, sino dinámico. Debe combinarse de manera dialéctica con un cometido de lucha emancipatoria que pretenda superar a las estructuras del sistema dominante, procurando en ese camino, construir “embriones” de prácticas sociales y organismos que prefiguren la sociedad libre de explotación y opresión. La organización de la clase se plantea, entonces, desde esta mirada, como una herramienta de acción y lucha reivindicativa, pero también como una escuela de participación democrática y como un bastión de construcción de la capacidad de autodeterminación popular, constituyéndose a su vez, en un baluarte en el desarrollo de un poder autogestivo desde abajo, desde el propio pueblo organizado. Este cometido complementario ensancha el campo de lo meramente social-reivindicativo y le imprime una clara orientación política. Política en términos de política autónoma de clase y por lo tanto de reapropiación, asimismo, del ámbito de lo político como espacio de autoactividad, autogestión y autoinstitución social.
En estos términos, esta perspectiva si bien no depara una inmediata vinculación orgánica con un planteo ideológico cerrado – habida cuenta de cómo se decía más arriba, la necesaria amplitud de confluencia a los fines de llevar adelante el cometido primario de lucha reivindicativa - sí plantea, una matriz, que sustentada sobre ciertas prerrogativas y líneas político-metodológicas de construcción, podemos identificar como libertaria o “libertirizante”. Parámetros como la lucha y la acción directa sin intermediarios, la democracia de base, la organización federativa, la independencia de clase, la práctica prefigurativa, el antiparlamentarismo, entre otros, nos marcan claramente un perfil de construcción en el seno del pueblo que el anarquismo como corriente, ha llevado adelante históricamente al momento de involucrarse en la lucha de clases, tanto sea desde los orígenes del movimiento obrero organizado como en el marco de las luchas que los movimientos sociales contemporáneos desarrollan desde hace varias décadas hasta nuestros días y que ha influenciado – e inclusive sigue influenciando- a distintas organizaciones populares que no necesariamente surgen dinamizados por militantes de dicha corriente. Desde esta óptica de organización y construcción popular que genéricamente denominamos autónoma, es que procuraremos a continuación, analizar el panorama actual sobre el que estas formaciones deben desarrollar sus luchas, así como qué problemáticas y desafíos se les presentan a la hora de confrontar con el mismo.
Un panorama actual
A esta altura, entrados a la tercera década del siglo XXI, pareciera no ser una novedad de que nos encontramos inmersos en una profunda crisis que desde distintas voces se plantea como civilizatoria y con múltiples dimensiones. Crisis que se establece como sistémica, multifocal y global, en tanto características propias del capitalismo, amén de ciertas manifestaciones propias a nivel países o regiones. Un primer punto para abordar su alcance, seguramente pase por visualizar que, desde hace algunas décadas y de manera cada vez más acentuada, el proceso de expansionismo sin límite del capitalismo necesariamente está erosionando sus propias condiciones previas de existencia.
En tanto la sustancia del capital es, la generación y regeneración de valor a través del trabajo abstracto -vivo pero alienado- acumulado en el ámbito de la producción junto con sus condiciones de posibilidad en el ámbito reproductivo y el medio natural; su impulso para conseguir constantes incrementos en la productividad – de la mano de la competitividad - lo lleva a conceder a la ciencia y a la tecnología una importancia creciente en la producción. Esto tiene como correlato y tendencia en aumento, convertir ese mismo proceso, basado en el trabajo -único generador de valor- en constantemente anacrónico. Con esto el capitalismo serrucha la rama sobre la cual se posa: la valorización del valor a través del trabajo vivo y el entorno que lo posibilita.
Si bien - y aunque parezca contradictorio con lo anterior- en los últimos años han proliferado un abanico de “nuevos trabajos”, éstos, por sus características – informales, precarizados, tercerizados, “uberizados”, sin derechos - no solamente no repercuten en la tendencial desvalorización y disminución estructural del trabajo formal todavía existente, sino que además no dejan de ser una “huida hacia adelante” que, junto con otros dispositivos, el capitalismo global desarrolla para sortear sus propias limitaciones intrínsecas, pero que aun siendo efectivas para reactivar las ganancias de algún sector en el corto plazo, no van a generar, ni por lejos, un nuevo ciclo de prosperidad, porque las tecnologías – que no producen valor - y que reemplazan el trabajo humano, no pueden ser eliminadas de la producción, es decir “no vuelven para atrás”. Por ende, no se trata de un clásico “vaivén cíclico” de los que pudo haber en otra etapa, sino de una tendencia que ya se configura como una crisis sin retorno. Asimismo:
En este contexto, las grandes empresas están tratando de impulsar un nuevo ciclo expansivo para blindar sus beneficios a corto plazo. Para ello, como sucedió en crisis anteriores, han renovado su apuesta por la ampliación de la frontera mercantil a través de las dinámicas de acumulación por desposesión. Igualmente, en el marco de la financiarización global, están favoreciendo la creación de nuevas burbujas especulativas para recuperar, al menos en el futuro más inmediato, unos altos niveles de rentabilidad [4].
Esto, insistimos, “patea hacia adelante” pero deja sin resolver el problema de fondo, esto es, de que si bien, aunque la cantidad de bienes y servicios pueda llegar a crecer, en conjunto y en el mediano plazo representan una cantidad cada vez menor de valor; asimismo el dinero - producto de la especulación financiera - que circula en el mundo es “ficticio” ya que no representa en realidad trabajo invertido de una manera “productiva” [5]. El capitalismo se pone cada vez más de frente a sus barreras económicas interiores como a sus limitaciones externas naturales –ecológicas-, que si bien, presentan un horizonte temporal diverso -y en esto las luchas sociales juegan un rol- no pueden ser detenidos, al menos en los marcos de su propia lógica. En síntesis:
El capitalismo global ha ido desplazando sus contradicciones hacia adelante, en el tiempo y en el espacio, pero cada vez se aproxima más a sus propios límites. La inestabilidad permanente de los mercados como consecuencia del aumento de la financiarización, la extensión de la explotación laboral y las desigualdades sociales que excluyen de la sociedad de consumo a amplias capas de la población, el cuestionamiento de la división sexual del trabajo y la necesidad de un replanteamiento del reparto de tareas productivas y reproductivas, el agotamiento de las fuentes de energía y los recursos materiales que requiere el metabolismo agroindustrial-urbano-financiero, los impactos del modelo económico en los ecosistemas y el desorden climático, son todos ellos, síntomas de que el funcionamiento del capitalismo se encuentra aquejado de graves problemas de fondo […] Estancamiento, deuda y desigualdad se superponen así al telón de fondo que hace materialmente imposible prolongar de manera indefinida la lógica de crecimiento y acumulación [6].
Este panorama va redondeando una serie de definiciones a tener en cuenta. Por un lado, y por todo lo antedicho, no es posible el retorno a un modelo de acumulación basado en el empleo masivo - propio de la era fordista ya superada -, por ende, no es posible el retorno al “pleno empleo” ni a la formalidad masiva y en su defecto, tampoco a las recetas keynesianas ni al rol central del Estado. El Estado, en tanto connivente de las lógicas del capital, en “el mejor de los casos” en esta etapa sólo puede disponer de ciertas políticas focalizadas, que además de constituirse en dispositivos de disciplinamiento social, redundan en sostener y aumentar modalidades de precarización [7].
Pero la cosa no se queda sólo aquí. Si se supone que la economía tiene como finalidad el bienestar de los sujetos, teniendo como medio el trabajo y la producción de bienes y servicios para la satisfacción de las necesidades vitales; en la lógica del capital, y sobre todo con mayor énfasis en los últimos tiempos, estos términos se pervierten y el fin de una vida sustentable se transforma en un medio para un fin distinto; la acumulación capitalista. Esto pone sobre la mesa la configuración de una matriz que se demuestra cada vez con mayor visibilidad en el neoliberalismo y que cristaliza a la precariedad ya no sólo referenciada al ámbito laboral, sino como una verdadera forma social de carácter totalizador en continuo aumento. Esto constituye, asimismo un conflicto radical e irresoluble entre la sostenibilidad de la vida humana y ecológica y el capitalismo, que algunos analistas sintetizan como conflicto “capital-vida”:
cuando la vida es un medio para un fin distinto, la vida está siempre en amenaza; la tensión puede suavizarse a veces […] pero antes o después llegará un momento de desencaje cuando la acumulación se produzca no a través de sostener la vida, sino a costa de negarla o destruirla [8].
Todo este proceso general tiene en Latinoamérica, en tanto región periférica, un desarrollo interrelacionado, aunque con elementos particulares. Implicó en principio y desde hace varias décadas, todo un contexto de reconfiguración social que significó la acentuación de las desigualdades preexistentes y la emergencia de nuevas brechas políticas, económicas, sociales y culturales, constituyendo así, un escenario caracterizado por un lado, por la fragmentación y la pérdida de poder de los sectores populares, y por otro lado, por la concentración política y económica en las elites de poder internacionalizado, que lejos estuvo de ser lineal:
Muchos de los cambios en el orden económico arrancaron durante la década de 1970 [en la gran mayoría de los casos, con dictaduras genocidas mediante]; las transformaciones operadas en la estructura social comenzaron a tornarse visibles en los años ochenta, durante la llamada “década perdida”, que culminó con fuertes episodios hiperinflacionarios y abrió la puerta a la implementación de las reformas neoliberales de los años noventa [9].
A su vez:
es necesario tener en cuenta que si el primer momento de la globalización neoliberal, en los años noventa, estuvo marcado por las privatizaciones y el ajuste fiscal, el segundo momento viene de la mano de la generalización de un modelo extractivo-exportador que apunta a consolidar y ampliar aún más las brechas sociales entre los países del norte y del sur, en base al saqueo de los recursos naturales cada vez más escasos, la contaminación irreversible, la extensión del monocultivo y la consiguiente pérdida de la biodiversidad [10].
Dicho todo lo anterior, no podemos dejar de volver a señalar de que las mencionadas, no dejan de ser manifestaciones propias de un sistema global y que tiene, como ya hemos marcado, a la precariedad y a la exclusión como marca estructural, planteando a la región como un espacio concreto en donde cuerpos, vidas y territorios son sacrificables en aras de la reproducción del capital trasnacionalizado en esta etapa, amén incluso, de que tal o cual gobierno se declare “progresista” o “popular”.
Frente a este panorama, desde finales de los años ´80 y fundamentalmente desde la década del ´90 se viene asistiendo a una progresiva confluencia de distintos procesos de lucha que se han venido plasmando a través de distintas vías y que han tenido ciertos hitos que han marcado su desarrollo. Es importante rescatar a su vez, que la caída del muro de Berlín en 1989 y el derrumbe de la URSS en 1991 no solo trajeron consigo el colapso de los regímenes del “socialismo real”, la crisis de los partidos comunistas, de los socialistas, de los sindicatos tradicionales y de los movimientos guerrilleros especialmente en Latinoamérica, sino también la quiebra de todo un paradigma revolucionario que había impregnado a la mayor parte de las izquierdas a lo largo del siglo XX; esto es, que el desarrollo imparable de las fuerzas productivas traería consigo el socialismo y que junto con la dinámica de lucha impulsada particularmente por el proletariado, único sujeto social con capacidad transformadora – fundamentalmente urbano, industrial y destinatario de una “misión histórica que cumplir - se alumbraría la sociedad sin clases. Todo esto ahonda, como dijimos, la desorientación y la crisis de las viejas formas organizativas y metodológicas, pero permite, de manera dialéctica, en consonancia con las renovadas lógicas de dominación capitalista, el paulatino afloramiento de nuevos ejes de confrontación, así como de nuevos discursos críticos, sujetos sociales y de nuevas formas de construcción popular, ya en sintonía con lo que hoy conocemos como movimientos sociales que, conviviendo – y muchas veces coordinando - con las organizaciones tradicionales, han logrado erigirse como protagonistas de las resistencias de este último periodo [11].
En realidad, y para ser correctos, en algunos casos, más que “nuevos”, deberíamos decir “reelaborados” formatos y pautas de disputa antagonista, dado que muchas de estas iniciativas ya habían tenido un incipiente esbozo durante los sucesos que se conocieron como “Mayo francés” de 1968, en donde, entre otras cuestiones, supieron salir a la palestra todo un conjunto de miradas y perspectivas que, con el título abarcativo de “nueva izquierda”, inclusive implicó volver a poner en valor todo un conjunto de prerrogativas –muchas de las cuales desarrollamos en la primera parte de este trabajo- de cuño socialista libertario que durante un corto plazo, habían entrado en un cono de sombras.
Puntualizando, ahora bien, sobre los alcances que en el último tiempo ha tenido en nuestro continente el marco de las luchas desarrolladas por los mencionados movimientos sociales surgidos en los años noventa, es sustancial destacar que han tenido – y continúan teniendo - un cometido mucho más abarcativo que la sola acción de resistencia:
los movimientos sociales han revelado ser algo más que una respuesta meramente defensiva frente a los cambios en la correlación de fuerzas sociales y las fuertes transformaciones de sus condiciones de vida y reproducción. En realidad, con todas sus complejidades y matices nacionales, los movimientos sociales latinoamericanos han desarrollado una dimensión más proactiva, que abre la posibilidad de pensar nuevas alternativas emancipatorias a partir de la defensa y promoción de la vida y la diversidad [12].
Tensiones y desafíos…
Planteado a grandes rasgos el escenario desde el cual hoy por hoy las organizaciones y construcciones populares y sobre todo aquellas que se conciben desde una matriz libertaria o genéricamente autónoma, deben desarrollar sus luchas; se hace necesario ahora establecer algunos desafíos de cara a poder superar algunas problemáticas y tensiones que el mismo escenario presenta, a los fines de poder prescribir algunas claves de orientación emancipatoria para los tiempos que corren.
Decíamos más arriba que frente al proceso de desarrollo crítico del capitalismo en esta etapa, que, entre otras cuestiones, deja cada vez más fuera de su órbita a la formalidad masiva del trabajo, los Estados - y sobre todo en gran parte de Latinoamérica - han salido a “emparchar” esta situación [13] con toda una batería de recursos, programas y políticas focalizadas, intentando con esto, contener, pero también disciplinar, a los sectores populares afectados por estas y otras consecuencias estructurales del actual desenvolvimiento del capital [14].
Con respecto a esta problemática ha habido – sigue habiendo - mucho debate en el campo de las organizaciones populares sobre cómo afrontar esta situación a propósito de si tomar como eje de lucha válido o no la disputa de esos recursos y si eso puede ser coherente con una perspectiva autónoma de construcción dada la inexorable relación que con el Estado esto confiere y la tendencia a la institucionalización que la misma supone para el campo de ejercicio de las organizaciones y sus luchas. Demás está decir que, al respecto, las distintas realidades de cada espacio nacional tienen su asidero, pero, si como venimos argumentando, estas medidas no dejan de formar parte de todo un entramado estructural-global, se hacen pertinentes algunas reflexiones.
Si partimos de la base de que en este contexto la gama de ejes de lucha reivindicativa no se agota en los recursos focalizados estatales, es verdad también que los mismos, por sus características, adquieren una impronta sumamente importante en las actuales condiciones para afrontar la pelea por un mínimo mejoramiento de las condiciones de vida en el marco de un sistema que deja cada vez más sectores de la población por fuera de los circuitos de trabajo formal [15] y por ende, también, por fuera de los circuitos de consumo y de reaseguro de sus condiciones básicas de subsistencia.
Ahora, el nudo problemático con respecto a la tendencial institucionalización - que sería más correcto caracterizar como moldeamiento estatal [16]- que esto implica, si bien efectivamente presenta una amenaza a la autonomía de las construcciones populares regidas por esta lógica, su configuración no necesariamente debe prescribirse como absoluta. Dado el escenario siempre dinámico de las luchas sociales y de las relaciones de fuerza, el a priori dilema condicionante debe visualizarse como parte de un contexto de relación conflictiva y de tensión permanente en donde el desafío se presenta, no sólo en la disputa reivindicativa por la apropiación de manera organizada de los recursos en cuestión, sino, además en la disputa política contra la lógica estatal de moldeamiento y alienación. En este sentido, prácticas como la resignificación, es decir, el darle “otra significación” a aquello que fue concebido como un paliativo disciplinador y “moldeador” hacia dispositivos de construcción contrarios a esas lógicas - tendientes a fortalecer estructura y protagonismo popular desde abajo – sumado a la perspectiva por la ruptura del carácter focalizado de estos programas estatales hacia su universalización como derechos, asumen en esta etapa, un valor enormemente significativo.
Otra cuestión que nos parece importante señalar en este derrotero de tensiones y desafíos, tiene que ver con el orden de lo estratégico. Si como ya dijimos, las organizaciones populares autónomas y dentro de ellas, fundamentalmente las atravesadas por una matriz libertaria, se posicionan a grosso modo con un objetivo político general de cambio social en términos de desenlace popular orientado hacia la autoactividad, la autogestión y la autoinstitución social; para ser coherentes con estos postulados, se hace fundamental como elemento estratégico, no solo el fortalecimiento y consolidación organizativa de estas expresiones de base, sino además, el desarrollo continuo de su propia capacidad de fuerza - material y contrahegemónica - opuesta y en confrontación al poder de las clases dominantes. Dicho de otra manera; se hace vital la construcción de un poder popular - que podría plantearse como autogestivo – que instituya, asimismo, espacios, territorios, mecanismos y relaciones que prefiguren y sustenten el proyecto de una sociedad autogestionaria.
Tomando en cuenta esta premisa estratégica y por todo lo que hemos expuesto en términos del proceso histórico que atravesamos, creemos que la misma a su vez, debe complementarse con una perspectiva más que hoy se presenta como imprescindible: la multisectorialidad. En efecto, si de un tiempo a esta parte, no podemos hablar de una clase homogénea ni de un sector popular en concreto que represente una autosuficiencia ni una centralidad manifiesta en cuanto al antagonismo y superación frente al desarrollo de las condiciones actuales del capitalismo por cuanto las contradicciones son múltiples – económicas, sociales, políticas, culturales, ambientales –, múltiple se presenta entonces el sujeto social de confrontación. Por lo tanto, una estrategia acorde involucraría en este sentido, la posibilidad de articular esas contradicciones y ese sujeto múltiple en una proyección común. Esto claramente implica plantearse un horizonte de lucha que intente ir más allá del marco de reivindicaciones específicas pero fragmentarias de tal o cual sector en particular, perfilando una perspectiva que apueste por la integración de las mismas en espacios de carácter multisectorial.
¿Y sobre qué eje se podría a priori, aglutinar la diversidad de demandas que cruzan al universo de las expresiones de lucha popular? Si como hemos dicho, en este contexto la lógica del capital – en crisis – no sólo pervierte, sino que además amenaza el sostenimiento de la vida – humana y ecológica - configurando una matriz de precariedad social generalizada; ésta última, podría ser un buen punto a considerar como nexo de articulación común dada la transversalidad que la misma supone a los distintos sectores que se encuentran sometidos a esta dinámica expropiatoria y depredadora:
Ante la crisis civilizatoria, la contrapropuesta no puede ser recuperar la “producción” […] sino abrir dos debates: qué es una vida que merezca ser vivida y cómo colectivizar la responsabilidad de garantizar sus condiciones de posibilidad […] [17].
Ahora bien, planteada tal orientación general y partiendo de la congruencia a tener entre la misma y los medios hacia su logro, nos es importante prescribir que estos medios a su vez, en este contexto de crisis sistémica, deben cumplir un rol de tensión dialéctica entre las posibilidades de avance conflictivo hacia un proyecto de ruptura y el bloqueo del continumm autoerosivo del capitalismo en esta etapa. Sería algo así como lo que planteaba Walter Benjamin con respecto a poner el “freno de emergencia” para no precipitarse al vacío, propiciando una serie de contra-movimientos que funcionen como “diques” en contraposición a ciertas perspectivas “aceleracionistas” que reproduzcan y sigan estimulando las lógicas del capital tal y cual se siguen perfilando. Y esto podría llegar a desarrollarse con medidas y planteos reivindicativos que, entre otras cuestiones, busquen detraer recursos de las lógicas del mercado y apuesten por su expansión y universalización, reduzcan la jornada y repartan el trabajo formal todavía existente, socialicen y expongan la producción de riqueza como atributo histórico-social, apuesten a la desfinaciarización de la economía, al resguardo ambiental y al decrecimiento progresivo; en definitiva, que tiendan a priorizar y estimular la sostenibilidad de una vida digna por fuera de los parámetros de la precariedad a la par de que sirvan de marco para la recomposición de fuerzas desde el abajo social, dejen margen para la reconstitución de un imaginario social antagonista y preparen un horizonte de transformación revolucionaria.
Esta serie de medidas, junto con otras posibles, creemos, no anulan la dinámica histórica de la lucha de clases, sino que la amplían y la complejizan en función de los requerimientos del proceso histórico en marcha, y que no por sustanciarse a priori, como dirían algunos, como “meras reformas”, dejan, en conjunto y en base a algunas de sus dimensiones, de plantearse como disruptivas con las lógicas capitalistas contemporáneas. Por esto, ninguna puede tomarse de manera aislada y como un fin en sí mismo, sino como medidas o instrumentos que, interrelacionados, se configuran como objetos de disputa de un proceso dinámico de lucha mayor, tendiente a subvertir el estado de cosas.
Referencias:
[1] BAKUNIN, Mijaíl. La Libertad. Obras escogidas de Bakunin. Buenos Aires: Editorial Agebe, 2005.
[2] VERNON, Richard. Malatesta. Pensamiento y acción revolucionarios. Buenos Aires: Editorial Utopía Libertaria, 2007.
[3] En el marco de esa gran primera experiencia de confluencia obrera como lo fue la Asociación Internacional de Trabajadores, Mijaíl Bakunin, establecía; “La Internacional acepta en su seno, haciendo absoluta abstracción de todas las diferencias de creencias políticas y religiosas, a todos los trabajadores honrados, con la única condición de que acepten en todas sus consecuencias la solidaridad de la lucha de los trabajadores contra el capital burgués, explotador del trabajo…”. En: NETTLAU, Max. The Life of Michael Bakunin. Michael Bakunin, eine Biographie. Londres: Privately Printed, 1896-1900.
[4] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. La insostenible reconstrucción del business as usual: Recuperación vs confrontación. En: Viento Sur Nº176, 6 AGOSTO 2021 https://vientosur.info/la-insostenible-reconstruccion-del-business-as-usual-recuperacion-vs-confrontacion/
[5] JAPPE, Anselm. Hacia una historia de la crítica del valor. Nombres, Revista de Filosofía, 2018. https://revistas.unc.edu.ar/index.php/NOMBRES/article/view/21237
[6] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. Op Cit.
[7] Tal es así, que por ejemplo en Argentina y a través de un reciente informe, se pudo constatar que en 7 provincias el sector de precarizados e informales supera en número al sector de trabajadores formales privados, y frente a esto, amén del eufemismo que suele ver esto como un “aumento de puestos de trabajo”, la respuesta por parte del Estado, a través de las declaraciones de un funcionario del Ministerio de Desarrollo Social es “por eso es importante formalizar y desarrollar la economía popular”. Lo que demuestra esto en realidad, es que lo que viene creciendo a pasos agigantados es la desocupación y el trabajo informal y precarizado de subsistencia y que el Estado lo único que promueve frente a este panorama (en conjunto con algunas organizaciones afines a esta idea) es sólo la cristalización de esta situación a través de la eventual asignación de recursos (meramente paliativos) para afianzar una modalidad precarizada de “trabajo” bajo la órbita del mismo Estado. En: VALES, Laura. En 7 provincias ya hay más trabajadores de la economía popular que privados. https://www.pagina12.com.ar/365051-en-7-provincias-ya-hay-mas-trabajadores-de-la-economia-popul
[8] PÉREZ OROZCO, Amaia. La sostenibilidad de la vida en el centro… ¿Y eso que significa? En: La ecología del trabajo: el trabajo que sostiene la vida, coord. por Laura Mora Cabello de Alba, Juan Escribano Gutiérrez. España: Bomarzo, 2015.
[9] SVAMPA, Maristella. Cambio de época. Movimientos sociales y poder político -1ª ed. - Buenos Aires: Siglo XXI Editores Argentina, 2008.
[10] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[11] Uno de los rasgos fundamentales de los movimientos sociales que en las últimas décadas se han establecido en función la reconfiguración del escenario de las luchas en nuestra región, se encuentra dado en reformulación del territorio, ya no sólo como mero ámbito de reproducción social, sino como un nuevo escenario de lucha y construcción nutrido de potencia, dinámica y dimensión estratégica.
[12] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[13] No sin recurrir –antes e inclusive después- a la represión y a la criminalización de aquellas expresiones de protesta frente a las condiciones generadas por las líneas directrices del modelo de acumulación que los mismos Estados sustentaban.
[14] Para decirlo en términos foucaultianos, el Estado neoliberal desarrolla el control biopolítico de la población pobre. Orientado a una estrategia de contención del conflicto social y de la miseria, su objetivo es integrar excluido en tanto excluido. En: SVAMPA, Maristella. Cinco tesis sobre la nueva matriz popular. IIGG, Facultad de ciencias sociales, UBA: nov.2003. Cabe destacar que, si bien los Estados son los mayores propulsores de estas políticas, no son los únicos. ONGs y organismos multilaterales de distinto tipo también desarrollaron y desarrollan este tipo de medidas y muchas veces articulando con las políticas estatales.
[15] Sin perspectiva aparente de que esta situación pueda, dada su característica estructural, ser revertida en algún tiempo considerable más allá de ciertas declamaciones demagógicas de políticos y empresarios de turno.
[16] Entendemos aquí al moldeamiento estatal como una de las formas posible de institucionalización más concretamente asociada al proceso de alienación estatalizante conducente a “moldear” a las construcciones autónomas a imagen y semejanza de la lógica estatal y subordinada a sus propios mecanismos.
[17] PÉREZ OROZCO, Amaia. Crisis multidimensional y sostenibilidad de la vida. Investigaciones feministas, ISSN 2171-6080, Nº. 2, 2011, págs. 29-53. https://doi.org/10.5209/rev_INFE.2011.v2.38603
Diego Naim Saiegh
Instituto de Teoría e Historia Anarquista - ITHA
Introducción
En el siguiente trabajo nos adentraremos a indagar sobre ciertas implicancias que hoy por hoy se exhiben a la hora de llevar adelante procesos de construcción popular autónomos – haciendo hincapié en aquellos que por sus perspectivas políticas y metodológicas, pueden inscribirse dentro de una matriz libertaria- en un contexto histórico atravesado por las marcas de la desocupación estructural, el crecimiento de la pobreza y en términos generales, por la precarización de la vida como forma social. Trataremos de plantear, a través de nuestro recorrido, ciertos hilos de análisis sobre algunos problemas a enfrentar de acuerdo al mencionado contexto, particularmente en el marco de nuestras sociedades periféricas latinoamericanas y algunas hipótesis sobre los desafíos a encarar de cara a su superación en clave emancipatoria.
Ahora bien, antes de avanzar en las cuestiones esgrimidas, nos parece importante, aunque más no sea a modo de trazo grueso, dejar señaladas un par de ideas generales sobre el vínculo existente entre anarquismo y procesos de organización popular, así como algunas líneas sobre a qué nos referirnos con respecto a construcción de matriz libertaria.
Una perspectiva político-metodológica de construcción popular
Si el anarquismo como corriente de praxis revolucionaria ha tenido a lo largo de su historia – amén de sus distintas tendencias - una “razón de ser”, ésta estuvo dada de manera prevaleciente, por el hecho de dotar de base material al entramado de sus postulados políticos, enraizando, su perspectiva emancipatoria de desenlace popular, con la necesaria organización y lucha para tal fin de aquellos que se encuentran sometidos a las injusticias del sistema de dominación estatal-capitalista. Mijail Bakunin decía al respecto:
Es cierto que hay [en el pueblo] una gran fuerza elemental, una fuerza sin lugar a dudas superior a la del gobierno y al de las clases dirigentes tomadas en su conjunto, pero sin organización, la fuerza elemental, no es fuerza real. Es esta innegable ventaja de la fuerza organizada respecto de la fuerza elemental del pueblo, en la que se basa el poder del Estado. Por lo tanto, el problema no estriba en saber si [el pueblo] puede sublevarse, sino si es capaz de construir una organización que le proporcione los medios de llegar a un fin victorioso. No a una victoria fortuita, sino a un triunfo prolongado, definitivo [1].
En la misma sintonía, el italiano Errico Malatesta, planteaba que las clases oprimidas y explotadas:
no podrán emanciparse nunca mientras no encuentren en la unión la fuerza moral, la fuerza económica y la fuerza física que es necesaria para derrotar a la fuerza organizada de los opresores [2].
Desde estas consideraciones entonces, se traduce la importancia estratégica que tiene para un proceso de transformación social, el desarrollo y el fomento de organizaciones populares que puedan motorizar y sustentar dicho proceso, constituyendo así, una fuerza social articulada capaz de enfrentar y eventualmente trascender el poder organizado de las clases dominantes. Ahora, ese impulso hacia el protagonismo de la organización del abajo social, tiene que contar, desde una lógica libertaria, con ciertos criterios y lineamientos que son distintivos de otras lógicas y que dan lugar a una impronta propia.
Por lo pronto, se parte de la concepción de que los agrupamientos de las clases populares deben tener como primer cometido de acción, la lucha por la conquista de aquellos intereses materiales que aglutinen a la clase en el marco de sus necesidades más inmediatas. Para esto, el arco de confluencia debe ser el más amplio posible; es decir, no debe estar atravesado a priori por limitantes del tipo político-ideológico, religioso o de otra índole [3]. Pero este cometido de acción primario no debe ser estanco, sino dinámico. Debe combinarse de manera dialéctica con un cometido de lucha emancipatoria que pretenda superar a las estructuras del sistema dominante, procurando en ese camino, construir “embriones” de prácticas sociales y organismos que prefiguren la sociedad libre de explotación y opresión. La organización de la clase se plantea, entonces, desde esta mirada, como una herramienta de acción y lucha reivindicativa, pero también como una escuela de participación democrática y como un bastión de construcción de la capacidad de autodeterminación popular, constituyéndose a su vez, en un baluarte en el desarrollo de un poder autogestivo desde abajo, desde el propio pueblo organizado. Este cometido complementario ensancha el campo de lo meramente social-reivindicativo y le imprime una clara orientación política. Política en términos de política autónoma de clase y por lo tanto de reapropiación, asimismo, del ámbito de lo político como espacio de autoactividad, autogestión y autoinstitución social.
En estos términos, esta perspectiva si bien no depara una inmediata vinculación orgánica con un planteo ideológico cerrado – habida cuenta de cómo se decía más arriba, la necesaria amplitud de confluencia a los fines de llevar adelante el cometido primario de lucha reivindicativa - sí plantea, una matriz, que sustentada sobre ciertas prerrogativas y líneas político-metodológicas de construcción, podemos identificar como libertaria o “libertirizante”. Parámetros como la lucha y la acción directa sin intermediarios, la democracia de base, la organización federativa, la independencia de clase, la práctica prefigurativa, el antiparlamentarismo, entre otros, nos marcan claramente un perfil de construcción en el seno del pueblo que el anarquismo como corriente, ha llevado adelante históricamente al momento de involucrarse en la lucha de clases, tanto sea desde los orígenes del movimiento obrero organizado como en el marco de las luchas que los movimientos sociales contemporáneos desarrollan desde hace varias décadas hasta nuestros días y que ha influenciado – e inclusive sigue influenciando- a distintas organizaciones populares que no necesariamente surgen dinamizados por militantes de dicha corriente. Desde esta óptica de organización y construcción popular que genéricamente denominamos autónoma, es que procuraremos a continuación, analizar el panorama actual sobre el que estas formaciones deben desarrollar sus luchas, así como qué problemáticas y desafíos se les presentan a la hora de confrontar con el mismo.
Un panorama actual
A esta altura, entrados a la tercera década del siglo XXI, pareciera no ser una novedad de que nos encontramos inmersos en una profunda crisis que desde distintas voces se plantea como civilizatoria y con múltiples dimensiones. Crisis que se establece como sistémica, multifocal y global, en tanto características propias del capitalismo, amén de ciertas manifestaciones propias a nivel países o regiones. Un primer punto para abordar su alcance, seguramente pase por visualizar que, desde hace algunas décadas y de manera cada vez más acentuada, el proceso de expansionismo sin límite del capitalismo necesariamente está erosionando sus propias condiciones previas de existencia.
En tanto la sustancia del capital es, la generación y regeneración de valor a través del trabajo abstracto -vivo pero alienado- acumulado en el ámbito de la producción junto con sus condiciones de posibilidad en el ámbito reproductivo y el medio natural; su impulso para conseguir constantes incrementos en la productividad – de la mano de la competitividad - lo lleva a conceder a la ciencia y a la tecnología una importancia creciente en la producción. Esto tiene como correlato y tendencia en aumento, convertir ese mismo proceso, basado en el trabajo -único generador de valor- en constantemente anacrónico. Con esto el capitalismo serrucha la rama sobre la cual se posa: la valorización del valor a través del trabajo vivo y el entorno que lo posibilita.
Si bien - y aunque parezca contradictorio con lo anterior- en los últimos años han proliferado un abanico de “nuevos trabajos”, éstos, por sus características – informales, precarizados, tercerizados, “uberizados”, sin derechos - no solamente no repercuten en la tendencial desvalorización y disminución estructural del trabajo formal todavía existente, sino que además no dejan de ser una “huida hacia adelante” que, junto con otros dispositivos, el capitalismo global desarrolla para sortear sus propias limitaciones intrínsecas, pero que aun siendo efectivas para reactivar las ganancias de algún sector en el corto plazo, no van a generar, ni por lejos, un nuevo ciclo de prosperidad, porque las tecnologías – que no producen valor - y que reemplazan el trabajo humano, no pueden ser eliminadas de la producción, es decir “no vuelven para atrás”. Por ende, no se trata de un clásico “vaivén cíclico” de los que pudo haber en otra etapa, sino de una tendencia que ya se configura como una crisis sin retorno. Asimismo:
En este contexto, las grandes empresas están tratando de impulsar un nuevo ciclo expansivo para blindar sus beneficios a corto plazo. Para ello, como sucedió en crisis anteriores, han renovado su apuesta por la ampliación de la frontera mercantil a través de las dinámicas de acumulación por desposesión. Igualmente, en el marco de la financiarización global, están favoreciendo la creación de nuevas burbujas especulativas para recuperar, al menos en el futuro más inmediato, unos altos niveles de rentabilidad [4].
Esto, insistimos, “patea hacia adelante” pero deja sin resolver el problema de fondo, esto es, de que si bien, aunque la cantidad de bienes y servicios pueda llegar a crecer, en conjunto y en el mediano plazo representan una cantidad cada vez menor de valor; asimismo el dinero - producto de la especulación financiera - que circula en el mundo es “ficticio” ya que no representa en realidad trabajo invertido de una manera “productiva” [5]. El capitalismo se pone cada vez más de frente a sus barreras económicas interiores como a sus limitaciones externas naturales –ecológicas-, que si bien, presentan un horizonte temporal diverso -y en esto las luchas sociales juegan un rol- no pueden ser detenidos, al menos en los marcos de su propia lógica. En síntesis:
El capitalismo global ha ido desplazando sus contradicciones hacia adelante, en el tiempo y en el espacio, pero cada vez se aproxima más a sus propios límites. La inestabilidad permanente de los mercados como consecuencia del aumento de la financiarización, la extensión de la explotación laboral y las desigualdades sociales que excluyen de la sociedad de consumo a amplias capas de la población, el cuestionamiento de la división sexual del trabajo y la necesidad de un replanteamiento del reparto de tareas productivas y reproductivas, el agotamiento de las fuentes de energía y los recursos materiales que requiere el metabolismo agroindustrial-urbano-financiero, los impactos del modelo económico en los ecosistemas y el desorden climático, son todos ellos, síntomas de que el funcionamiento del capitalismo se encuentra aquejado de graves problemas de fondo […] Estancamiento, deuda y desigualdad se superponen así al telón de fondo que hace materialmente imposible prolongar de manera indefinida la lógica de crecimiento y acumulación [6].
Este panorama va redondeando una serie de definiciones a tener en cuenta. Por un lado, y por todo lo antedicho, no es posible el retorno a un modelo de acumulación basado en el empleo masivo - propio de la era fordista ya superada -, por ende, no es posible el retorno al “pleno empleo” ni a la formalidad masiva y en su defecto, tampoco a las recetas keynesianas ni al rol central del Estado. El Estado, en tanto connivente de las lógicas del capital, en “el mejor de los casos” en esta etapa sólo puede disponer de ciertas políticas focalizadas, que además de constituirse en dispositivos de disciplinamiento social, redundan en sostener y aumentar modalidades de precarización [7].
Pero la cosa no se queda sólo aquí. Si se supone que la economía tiene como finalidad el bienestar de los sujetos, teniendo como medio el trabajo y la producción de bienes y servicios para la satisfacción de las necesidades vitales; en la lógica del capital, y sobre todo con mayor énfasis en los últimos tiempos, estos términos se pervierten y el fin de una vida sustentable se transforma en un medio para un fin distinto; la acumulación capitalista. Esto pone sobre la mesa la configuración de una matriz que se demuestra cada vez con mayor visibilidad en el neoliberalismo y que cristaliza a la precariedad ya no sólo referenciada al ámbito laboral, sino como una verdadera forma social de carácter totalizador en continuo aumento. Esto constituye, asimismo un conflicto radical e irresoluble entre la sostenibilidad de la vida humana y ecológica y el capitalismo, que algunos analistas sintetizan como conflicto “capital-vida”:
cuando la vida es un medio para un fin distinto, la vida está siempre en amenaza; la tensión puede suavizarse a veces […] pero antes o después llegará un momento de desencaje cuando la acumulación se produzca no a través de sostener la vida, sino a costa de negarla o destruirla [8].
Todo este proceso general tiene en Latinoamérica, en tanto región periférica, un desarrollo interrelacionado, aunque con elementos particulares. Implicó en principio y desde hace varias décadas, todo un contexto de reconfiguración social que significó la acentuación de las desigualdades preexistentes y la emergencia de nuevas brechas políticas, económicas, sociales y culturales, constituyendo así, un escenario caracterizado por un lado, por la fragmentación y la pérdida de poder de los sectores populares, y por otro lado, por la concentración política y económica en las elites de poder internacionalizado, que lejos estuvo de ser lineal:
Muchos de los cambios en el orden económico arrancaron durante la década de 1970 [en la gran mayoría de los casos, con dictaduras genocidas mediante]; las transformaciones operadas en la estructura social comenzaron a tornarse visibles en los años ochenta, durante la llamada “década perdida”, que culminó con fuertes episodios hiperinflacionarios y abrió la puerta a la implementación de las reformas neoliberales de los años noventa [9].
A su vez:
es necesario tener en cuenta que si el primer momento de la globalización neoliberal, en los años noventa, estuvo marcado por las privatizaciones y el ajuste fiscal, el segundo momento viene de la mano de la generalización de un modelo extractivo-exportador que apunta a consolidar y ampliar aún más las brechas sociales entre los países del norte y del sur, en base al saqueo de los recursos naturales cada vez más escasos, la contaminación irreversible, la extensión del monocultivo y la consiguiente pérdida de la biodiversidad [10].
Dicho todo lo anterior, no podemos dejar de volver a señalar de que las mencionadas, no dejan de ser manifestaciones propias de un sistema global y que tiene, como ya hemos marcado, a la precariedad y a la exclusión como marca estructural, planteando a la región como un espacio concreto en donde cuerpos, vidas y territorios son sacrificables en aras de la reproducción del capital trasnacionalizado en esta etapa, amén incluso, de que tal o cual gobierno se declare “progresista” o “popular”.
Frente a este panorama, desde finales de los años ´80 y fundamentalmente desde la década del ´90 se viene asistiendo a una progresiva confluencia de distintos procesos de lucha que se han venido plasmando a través de distintas vías y que han tenido ciertos hitos que han marcado su desarrollo. Es importante rescatar a su vez, que la caída del muro de Berlín en 1989 y el derrumbe de la URSS en 1991 no solo trajeron consigo el colapso de los regímenes del “socialismo real”, la crisis de los partidos comunistas, de los socialistas, de los sindicatos tradicionales y de los movimientos guerrilleros especialmente en Latinoamérica, sino también la quiebra de todo un paradigma revolucionario que había impregnado a la mayor parte de las izquierdas a lo largo del siglo XX; esto es, que el desarrollo imparable de las fuerzas productivas traería consigo el socialismo y que junto con la dinámica de lucha impulsada particularmente por el proletariado, único sujeto social con capacidad transformadora – fundamentalmente urbano, industrial y destinatario de una “misión histórica que cumplir - se alumbraría la sociedad sin clases. Todo esto ahonda, como dijimos, la desorientación y la crisis de las viejas formas organizativas y metodológicas, pero permite, de manera dialéctica, en consonancia con las renovadas lógicas de dominación capitalista, el paulatino afloramiento de nuevos ejes de confrontación, así como de nuevos discursos críticos, sujetos sociales y de nuevas formas de construcción popular, ya en sintonía con lo que hoy conocemos como movimientos sociales que, conviviendo – y muchas veces coordinando - con las organizaciones tradicionales, han logrado erigirse como protagonistas de las resistencias de este último periodo [11].
En realidad, y para ser correctos, en algunos casos, más que “nuevos”, deberíamos decir “reelaborados” formatos y pautas de disputa antagonista, dado que muchas de estas iniciativas ya habían tenido un incipiente esbozo durante los sucesos que se conocieron como “Mayo francés” de 1968, en donde, entre otras cuestiones, supieron salir a la palestra todo un conjunto de miradas y perspectivas que, con el título abarcativo de “nueva izquierda”, inclusive implicó volver a poner en valor todo un conjunto de prerrogativas –muchas de las cuales desarrollamos en la primera parte de este trabajo- de cuño socialista libertario que durante un corto plazo, habían entrado en un cono de sombras.
Puntualizando, ahora bien, sobre los alcances que en el último tiempo ha tenido en nuestro continente el marco de las luchas desarrolladas por los mencionados movimientos sociales surgidos en los años noventa, es sustancial destacar que han tenido – y continúan teniendo - un cometido mucho más abarcativo que la sola acción de resistencia:
los movimientos sociales han revelado ser algo más que una respuesta meramente defensiva frente a los cambios en la correlación de fuerzas sociales y las fuertes transformaciones de sus condiciones de vida y reproducción. En realidad, con todas sus complejidades y matices nacionales, los movimientos sociales latinoamericanos han desarrollado una dimensión más proactiva, que abre la posibilidad de pensar nuevas alternativas emancipatorias a partir de la defensa y promoción de la vida y la diversidad [12].
Tensiones y desafíos…
Planteado a grandes rasgos el escenario desde el cual hoy por hoy las organizaciones y construcciones populares y sobre todo aquellas que se conciben desde una matriz libertaria o genéricamente autónoma, deben desarrollar sus luchas; se hace necesario ahora establecer algunos desafíos de cara a poder superar algunas problemáticas y tensiones que el mismo escenario presenta, a los fines de poder prescribir algunas claves de orientación emancipatoria para los tiempos que corren.
Decíamos más arriba que frente al proceso de desarrollo crítico del capitalismo en esta etapa, que, entre otras cuestiones, deja cada vez más fuera de su órbita a la formalidad masiva del trabajo, los Estados - y sobre todo en gran parte de Latinoamérica - han salido a “emparchar” esta situación [13] con toda una batería de recursos, programas y políticas focalizadas, intentando con esto, contener, pero también disciplinar, a los sectores populares afectados por estas y otras consecuencias estructurales del actual desenvolvimiento del capital [14].
Con respecto a esta problemática ha habido – sigue habiendo - mucho debate en el campo de las organizaciones populares sobre cómo afrontar esta situación a propósito de si tomar como eje de lucha válido o no la disputa de esos recursos y si eso puede ser coherente con una perspectiva autónoma de construcción dada la inexorable relación que con el Estado esto confiere y la tendencia a la institucionalización que la misma supone para el campo de ejercicio de las organizaciones y sus luchas. Demás está decir que, al respecto, las distintas realidades de cada espacio nacional tienen su asidero, pero, si como venimos argumentando, estas medidas no dejan de formar parte de todo un entramado estructural-global, se hacen pertinentes algunas reflexiones.
Si partimos de la base de que en este contexto la gama de ejes de lucha reivindicativa no se agota en los recursos focalizados estatales, es verdad también que los mismos, por sus características, adquieren una impronta sumamente importante en las actuales condiciones para afrontar la pelea por un mínimo mejoramiento de las condiciones de vida en el marco de un sistema que deja cada vez más sectores de la población por fuera de los circuitos de trabajo formal [15] y por ende, también, por fuera de los circuitos de consumo y de reaseguro de sus condiciones básicas de subsistencia.
Ahora, el nudo problemático con respecto a la tendencial institucionalización - que sería más correcto caracterizar como moldeamiento estatal [16]- que esto implica, si bien efectivamente presenta una amenaza a la autonomía de las construcciones populares regidas por esta lógica, su configuración no necesariamente debe prescribirse como absoluta. Dado el escenario siempre dinámico de las luchas sociales y de las relaciones de fuerza, el a priori dilema condicionante debe visualizarse como parte de un contexto de relación conflictiva y de tensión permanente en donde el desafío se presenta, no sólo en la disputa reivindicativa por la apropiación de manera organizada de los recursos en cuestión, sino, además en la disputa política contra la lógica estatal de moldeamiento y alienación. En este sentido, prácticas como la resignificación, es decir, el darle “otra significación” a aquello que fue concebido como un paliativo disciplinador y “moldeador” hacia dispositivos de construcción contrarios a esas lógicas - tendientes a fortalecer estructura y protagonismo popular desde abajo – sumado a la perspectiva por la ruptura del carácter focalizado de estos programas estatales hacia su universalización como derechos, asumen en esta etapa, un valor enormemente significativo.
Otra cuestión que nos parece importante señalar en este derrotero de tensiones y desafíos, tiene que ver con el orden de lo estratégico. Si como ya dijimos, las organizaciones populares autónomas y dentro de ellas, fundamentalmente las atravesadas por una matriz libertaria, se posicionan a grosso modo con un objetivo político general de cambio social en términos de desenlace popular orientado hacia la autoactividad, la autogestión y la autoinstitución social; para ser coherentes con estos postulados, se hace fundamental como elemento estratégico, no solo el fortalecimiento y consolidación organizativa de estas expresiones de base, sino además, el desarrollo continuo de su propia capacidad de fuerza - material y contrahegemónica - opuesta y en confrontación al poder de las clases dominantes. Dicho de otra manera; se hace vital la construcción de un poder popular - que podría plantearse como autogestivo – que instituya, asimismo, espacios, territorios, mecanismos y relaciones que prefiguren y sustenten el proyecto de una sociedad autogestionaria.
Tomando en cuenta esta premisa estratégica y por todo lo que hemos expuesto en términos del proceso histórico que atravesamos, creemos que la misma a su vez, debe complementarse con una perspectiva más que hoy se presenta como imprescindible: la multisectorialidad. En efecto, si de un tiempo a esta parte, no podemos hablar de una clase homogénea ni de un sector popular en concreto que represente una autosuficiencia ni una centralidad manifiesta en cuanto al antagonismo y superación frente al desarrollo de las condiciones actuales del capitalismo por cuanto las contradicciones son múltiples – económicas, sociales, políticas, culturales, ambientales –, múltiple se presenta entonces el sujeto social de confrontación. Por lo tanto, una estrategia acorde involucraría en este sentido, la posibilidad de articular esas contradicciones y ese sujeto múltiple en una proyección común. Esto claramente implica plantearse un horizonte de lucha que intente ir más allá del marco de reivindicaciones específicas pero fragmentarias de tal o cual sector en particular, perfilando una perspectiva que apueste por la integración de las mismas en espacios de carácter multisectorial.
¿Y sobre qué eje se podría a priori, aglutinar la diversidad de demandas que cruzan al universo de las expresiones de lucha popular? Si como hemos dicho, en este contexto la lógica del capital – en crisis – no sólo pervierte, sino que además amenaza el sostenimiento de la vida – humana y ecológica - configurando una matriz de precariedad social generalizada; ésta última, podría ser un buen punto a considerar como nexo de articulación común dada la transversalidad que la misma supone a los distintos sectores que se encuentran sometidos a esta dinámica expropiatoria y depredadora:
Ante la crisis civilizatoria, la contrapropuesta no puede ser recuperar la “producción” […] sino abrir dos debates: qué es una vida que merezca ser vivida y cómo colectivizar la responsabilidad de garantizar sus condiciones de posibilidad […] [17].
Ahora bien, planteada tal orientación general y partiendo de la congruencia a tener entre la misma y los medios hacia su logro, nos es importante prescribir que estos medios a su vez, en este contexto de crisis sistémica, deben cumplir un rol de tensión dialéctica entre las posibilidades de avance conflictivo hacia un proyecto de ruptura y el bloqueo del continumm autoerosivo del capitalismo en esta etapa. Sería algo así como lo que planteaba Walter Benjamin con respecto a poner el “freno de emergencia” para no precipitarse al vacío, propiciando una serie de contra-movimientos que funcionen como “diques” en contraposición a ciertas perspectivas “aceleracionistas” que reproduzcan y sigan estimulando las lógicas del capital tal y cual se siguen perfilando. Y esto podría llegar a desarrollarse con medidas y planteos reivindicativos que, entre otras cuestiones, busquen detraer recursos de las lógicas del mercado y apuesten por su expansión y universalización, reduzcan la jornada y repartan el trabajo formal todavía existente, socialicen y expongan la producción de riqueza como atributo histórico-social, apuesten a la desfinaciarización de la economía, al resguardo ambiental y al decrecimiento progresivo; en definitiva, que tiendan a priorizar y estimular la sostenibilidad de una vida digna por fuera de los parámetros de la precariedad a la par de que sirvan de marco para la recomposición de fuerzas desde el abajo social, dejen margen para la reconstitución de un imaginario social antagonista y preparen un horizonte de transformación revolucionaria.
Esta serie de medidas, junto con otras posibles, creemos, no anulan la dinámica histórica de la lucha de clases, sino que la amplían y la complejizan en función de los requerimientos del proceso histórico en marcha, y que no por sustanciarse a priori, como dirían algunos, como “meras reformas”, dejan, en conjunto y en base a algunas de sus dimensiones, de plantearse como disruptivas con las lógicas capitalistas contemporáneas. Por esto, ninguna puede tomarse de manera aislada y como un fin en sí mismo, sino como medidas o instrumentos que, interrelacionados, se configuran como objetos de disputa de un proceso dinámico de lucha mayor, tendiente a subvertir el estado de cosas.
Referencias:
[1] BAKUNIN, Mijaíl. La Libertad. Obras escogidas de Bakunin. Buenos Aires: Editorial Agebe, 2005.
[2] VERNON, Richard. Malatesta. Pensamiento y acción revolucionarios. Buenos Aires: Editorial Utopía Libertaria, 2007.
[3] En el marco de esa gran primera experiencia de confluencia obrera como lo fue la Asociación Internacional de Trabajadores, Mijaíl Bakunin, establecía; “La Internacional acepta en su seno, haciendo absoluta abstracción de todas las diferencias de creencias políticas y religiosas, a todos los trabajadores honrados, con la única condición de que acepten en todas sus consecuencias la solidaridad de la lucha de los trabajadores contra el capital burgués, explotador del trabajo…”. En: NETTLAU, Max. The Life of Michael Bakunin. Michael Bakunin, eine Biographie. Londres: Privately Printed, 1896-1900.
[4] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. La insostenible reconstrucción del business as usual: Recuperación vs confrontación. En: Viento Sur Nº176, 6 AGOSTO 2021 https://vientosur.info/la-insostenible-reconstruccion-del-business-as-usual-recuperacion-vs-confrontacion/
[5] JAPPE, Anselm. Hacia una historia de la crítica del valor. Nombres, Revista de Filosofía, 2018. https://revistas.unc.edu.ar/index.php/NOMBRES/article/view/21237
[6] RAMIRO, Pedro/GONZÁLEZ, Erika. Op Cit.
[7] Tal es así, que por ejemplo en Argentina y a través de un reciente informe, se pudo constatar que en 7 provincias el sector de precarizados e informales supera en número al sector de trabajadores formales privados, y frente a esto, amén del eufemismo que suele ver esto como un “aumento de puestos de trabajo”, la respuesta por parte del Estado, a través de las declaraciones de un funcionario del Ministerio de Desarrollo Social es “por eso es importante formalizar y desarrollar la economía popular”. Lo que demuestra esto en realidad, es que lo que viene creciendo a pasos agigantados es la desocupación y el trabajo informal y precarizado de subsistencia y que el Estado lo único que promueve frente a este panorama (en conjunto con algunas organizaciones afines a esta idea) es sólo la cristalización de esta situación a través de la eventual asignación de recursos (meramente paliativos) para afianzar una modalidad precarizada de “trabajo” bajo la órbita del mismo Estado. En: VALES, Laura. En 7 provincias ya hay más trabajadores de la economía popular que privados. https://www.pagina12.com.ar/365051-en-7-provincias-ya-hay-mas-trabajadores-de-la-economia-popul
[8] PÉREZ OROZCO, Amaia. La sostenibilidad de la vida en el centro… ¿Y eso que significa? En: La ecología del trabajo: el trabajo que sostiene la vida, coord. por Laura Mora Cabello de Alba, Juan Escribano Gutiérrez. España: Bomarzo, 2015.
[9] SVAMPA, Maristella. Cambio de época. Movimientos sociales y poder político -1ª ed. - Buenos Aires: Siglo XXI Editores Argentina, 2008.
[10] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[11] Uno de los rasgos fundamentales de los movimientos sociales que en las últimas décadas se han establecido en función la reconfiguración del escenario de las luchas en nuestra región, se encuentra dado en reformulación del territorio, ya no sólo como mero ámbito de reproducción social, sino como un nuevo escenario de lucha y construcción nutrido de potencia, dinámica y dimensión estratégica.
[12] SVAMPA, Maristella. Op. Cit.
[13] No sin recurrir –antes e inclusive después- a la represión y a la criminalización de aquellas expresiones de protesta frente a las condiciones generadas por las líneas directrices del modelo de acumulación que los mismos Estados sustentaban.
[14] Para decirlo en términos foucaultianos, el Estado neoliberal desarrolla el control biopolítico de la población pobre. Orientado a una estrategia de contención del conflicto social y de la miseria, su objetivo es integrar excluido en tanto excluido. En: SVAMPA, Maristella. Cinco tesis sobre la nueva matriz popular. IIGG, Facultad de ciencias sociales, UBA: nov.2003. Cabe destacar que, si bien los Estados son los mayores propulsores de estas políticas, no son los únicos. ONGs y organismos multilaterales de distinto tipo también desarrollaron y desarrollan este tipo de medidas y muchas veces articulando con las políticas estatales.
[15] Sin perspectiva aparente de que esta situación pueda, dada su característica estructural, ser revertida en algún tiempo considerable más allá de ciertas declamaciones demagógicas de políticos y empresarios de turno.
[16] Entendemos aquí al moldeamiento estatal como una de las formas posible de institucionalización más concretamente asociada al proceso de alienación estatalizante conducente a “moldear” a las construcciones autónomas a imagen y semejanza de la lógica estatal y subordinada a sus propios mecanismos.
[17] PÉREZ OROZCO, Amaia. Crisis multidimensional y sostenibilidad de la vida. Investigaciones feministas, ISSN 2171-6080, Nº. 2, 2011, págs. 29-53. https://doi.org/10.5209/rev_INFE.2011.v2.38603
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